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Anton Lang est né le 16 février 1916 à Neusindl, à une cinquantaine de kilomètres de Vienne. Fermier de profession, il est appelé dans l’armée en février 1941. Jusqu’à la fin juin, Anton reçoit son instruction militaire au sein de la 17. (puis 20.) Ersatz Kompanie du Luftgau Nachrichten Regiment 12. Il s’agit d’une unité de transmission de la Luftwaffe rattachée à la Luftflotte 2 basée, dans un premier temps en Belgique  puis à partir d’avril 1941, en Pologne occupée. Le Funker Lang, (grade des transmissions équivalent à soldat) est nommé caporal le 1er avril.

Le 22 juin 1941, à l’aube de l’offensive allemande sur le territoire soviétique, Anton est muté dans la Luftnachrichten Kompanie zur besonderen Verwendung (motorisiert) 16. Il s’agit donc d’une affectation spéciale, toujours dans les transmissions de l’armée de l’air. Il subsiste très peu de témoignages sur ces unités « auxiliaires » ou du moins non armées. Celles-ci malgré leur indispensabilité, se sont moins couvertes de gloire que leurs homologues des panzertruppen par exemple. Anton Lang est vraisemblablement affecté à un aérodrome sur le Front de l’Est, en témoigne la perception de chaussures et pantalon de montagne en mai 1942. La perception d’une solde dans la ville de Rovaniemi, en couronne finnoise, laisse supposer du secteur dans lequel opérait l’unité. Au vu de son affectation, on peut penser qu’il a obtenu la Médaille du Front de l’Est, sans pouvoir l’affirmer cependant, la page 22 du soldbuch étant manquante. Le landser Lang est promu Obergefreiter le 1er avril 1942.

Couverture du soldbuch d'Anton Lang. Il s'agit d'une variante avec une couleur bleu pâle caractéristique.

Face aux pertes importantes occasionnées par « Ivan », l’Allemagne mobilise plus largement les hommes au sein d’unités combattantes. C’est ainsi qu’Anton est transféré, le 10 décembre 1942, au Luftwaffen Feld Regiment 503. L’unité est créée quelques jours auparavant à partir de bataillons de construction de la Luftwaffe. Elle est directement rattachée à la 20ème armée de montagne stationnée en Finlande. Le régiment n’a que de faibles moyens anti-char et est relégué à la protection des côtes et des aéroports, du côté de l’océan arctique. Le secteur est plutôt calme, les belligérants se livrant à une guerre de position pour le contrôle de la région de Mourmansk. A l’occasion de cette nouvelle affectation, Anton perçoit un fusil et une baïonnette qui ne le quitteront plus jusqu’à la fin de la guerre. L’allure du soldat est également modifiée par la perception de l’élégante Bergmütze (casquette de campagne) des troupes de montagne.

En novembre 1943, le régiment est transféré dans l’armée de terre et prend le nom de Feld Regiment 503 (L) puis Grenadier Brigade 503 à partir de juin 1944. A noter que le soldbuch ne présente aucune marque de changement de dénomination, l’administration allant dans ce domaine plus vite que le front.

Après une longue permission de 24 jours dans la patrie, Anton est dirigé dans une unité de marche fin juillet 1944 (bataillon provisoire servant à regrouper les soldats vers leur unité d’active). Le Marsch Bataillon XX amène l’Obergefreiter Lang au nouvellement formé Grenadier Regiment 316 au début du mois de septembre 1944.

Le 316ème régiment fait partie de la nouvelle 212. Volksgrenadier Division, mise sur pied suite à la dissolution de la 212. Infanterie Division lourdement éprouvée par les combats. Les Volksgrenadier Divisionen sont créées à l’automne 1944 en réaction aux lourdes pertes occasionnées par l’Armée Rouge durant l’été. L’offensive soviétique d’août a anéanti le Groupe d’Armée Centre dans le but de liquider le Groupe Nord qui campe toujours sur ses positions de la baltique (ce qui occasionnera la création de la poche de Courlande). Ces nouvelles divisions (certaines sont cependant uniquement renommées) ont un noyau de vétérans du Front Est, aggloméré avec des hommes de la Luftwaffe et de la Kriegsmarine qui ont été réaffectés en première ligne ainsi que des jeunes de la classe 27. Dans les Volksgrenadier Divisionen tout comme dans les autres formations de la Wehrmacht, on tend à réduire les effectifs. On passe notamment le nombre de bataillon des régiments d’infanterie de 3 à 2. En contrepartie, ces nouvelles divisions devaient en théorie recevoir un armement individuel moderne (principalement des StG 44) ainsi que des moyens motorisés importants (canons d’assaut). Dans la réalité, comme partout sur le front, les moyens manquent. Les destructions de blindés sont plus souvent des faits d’armes réalisés au panzerfaust qu’au StuG.

La 212ème est constituée à Sieradz, non loin de Lodz en Pologne. Les effectifs proviennent de la 578. Volksgrenadier Division et de troupes diverses, dont notre ex opérateur radio. La division ne compte que 4 canons d’assaut sur les 14 prévus dans les organigrammes de l’état major.

De son côté, Anton est hospitalisé le 2 novembre à l’hôpital de campagne de la 18. Panzer Grenadier Division. Cette division était également en train d’être reconstituée en Pologne et on peut penser que les deux divisions opéraient dans un secteur proche. Anton reste 1 mois avec les médecins de la 18ème Division de Grenadiers afin de soigner une infection dont on ne connaît pas les détails. Le 5 décembre 1944, il est déclaré apte au service et doit immédiatement rejoindre son unité d’active : la compagnie d’état-major du 316ème Régiment de Grenadier.

Alors que notre landser est sur son lit d’hôpital, la 212. Volksgrenadier Division est envoyé sur le Westernfront défendre les derniers kilomètres séparant les tanks de Patton de l’Heimat. Le 316. Grenadier Regiment est alors stationné près de Echternach à la frontière Luxembourgeoise avec l’Allemagne. Le 16 décembre, Hitler déclenche l'opération Wacht am Reihn, dernière grande offensive à l’ouest qui prend part dans les Ardennes. La surprise pour les troupes américaines est totale, les blindés pénètrent en profondeur le système de défense allié, bousculant et déroutant les GI. Le Gr. Rgt. 316 avance dans les lignes ennemies, faisant des prisonniers. La 212ème occupe la partie sud du dispositif allemand, intégré à la 7ème Armée. Contrairement au secteur central, les forces allemandes au sud rencontrent une vive résistance et avancent peu.

Les hommes de l’Oncle Sam se ressaisissent et l’attaque allemande s’embourbe, la faute à un manque de coordination, de carburant, de moyens et une résistance américaine acharnée. La 212. VG. Div. subit de lourdes pertes et à la veille de la nouvelle année, les landser retrouvent les positions de la Ligne Siegfried, construite 7 années auparavant.

Le régiment y tient ses positions jusqu’à la fin février 1945. La division cède du terrain et recule de plusieurs dizaines de kilomètres dans les terres. Au 15 mars 1945, la division entière est réduite à un groupe d’environ 500 hommes. La division est anéantie à la fin du mois, ses hommes sont faits prisonniers par les troupes américaines.

Il est difficile de connaître le parcours de l’Obergefreiter Lang dans ces dernières semaines du conflit. Seule certitude, il se rend aux troupes américaines. Son numéro de prisonnier de Guerre indiquerait une captivité aux alentours de la fin mars/ début avril 1945. Il est peu probable qu’il ait participé à la reformation de la division, ordonnée le 30 mars ! Cette dernière résurgence de la 212. Volksgrenadier Division, forte de 12 000 soldats, combat à partir de début avril à l’ouest de Nuremberg avant d’être définitivement liquidée à la fin du mois au sud de Munich.

 

La guerre est finie.

remerciements à Peter Janssen pour son aide

sources :

Forum der Wehrmacht : ln-rgt-42

Forum der Wehrmacht : luftwaffen-feldregiment-503

Petsamo and Kirkenes 1944: The Soviet offensive in the Northern Arctic

Luftwaffe Field Divisions 1941–45

https://fr.wikipedia.org/wiki/Volksgrenadier

Lexikon der Wehrmacht : 212. VGr. Div.

Forum Axis History : Stug de la 212. VGr. Div.

On remarque sur la première page le numéro de prisonnier de guerre 31 G 1 185 605 qui daterait sa capture d'avril 45. Les timbres de controles de la Luftwaffe ont été complétés jusqu'en 1944. La photo, comme souvent, est manquante, surement utilisée sur un document des forces alliées.

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En page 4, on retrouve les différentes affectations du soldat, la dernière étant le Grenadier Regiment 316.

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Hormis quelques protections contre l'hiver, la dotation du soldat en équipement est standard. Ici sont consigné des éléments de fantassin : casque, chemise, sac à pain, bretelle, bidon etc... Daté juillet 1944, la page porte la mention du 2./ Marsch Bataillon XX (inf.).

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En décembre 1942, Anton Lang reçoit son armement composé d'un fusil, sa baïonnette et des munition.

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Son séjour à l'hôpital en novembre 1944 est consigné en page 12/13. Les autorités américaines on rajouté une mention jugeant la condition physique du prisonnier. La signification du W m'est inconnu.

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Tampon de l'état major du 316ème Régiment de Grenadier, typique des tampons de la fin de la guerre, de piètre qualité.

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