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Gottfried Kaufmann est né en 1926 à Thiergaten près Plauen (entre Dresde et Nuremberg, à l’actuelle frontière de la République Tchèque). Il est appelé à la Wehrmacht en novembre 1943, alors âgé de 17 ans et travaillant en tant que boulanger. Il est intégré au Hauptuntersuchungsstelle General Kommando XI Flieger korps (centre d’examens du commandement général du XI corps de l’armée de l’air). Le XI Flieger Korps est alors basé dans le sud de la France. Après un court passage en France, Gottfried est envoyé Fallschirmjäger Ersatz Bataillon 1 à Aschersleben en Allemagne centrale afin d’y recevoir un entrainement parachutiste. Le Jager est ensuite transféré au Fallschirmjäger Kraftfarh Ausbildung Abteilung Helmstedt toujours en Allemagne centrale. C’est dans cette unité de formation motorisé que Gottfried reçoit son permis de conduire de 2ème classe (véhicule en dessous de 2,5 tonnes) en mars 1944. Le soldat reçoit également son équipement et sa plaque d’identité avec le code 62590 correspondant à l’unité. Gottfried fait parti de la dernière vague de para qui n'effectueront jamais, faut de temps, leurs sauts réglementaires et ne seront pas brevetés.

A partir du 18 avril, le parachutiste se retrouve en unité combattante : au Fallschirmjäger Regiment 13. Le Jager Kaufmann fait partie du IIIème bataillon de l’Hauptmann Heck (basé à Merdrignac fin mai 1944, Feldpost 61485C), intégré au 13ème régiment parachutiste de la nouvellement formée 5. Fallschirmjäger Division.

Sur la couverture on retrouve le nom du soldat ainsi qu'un numéro de Prisonnier de Guerre apposé par les autorités françaises.

Organigramme  de la 5. Fallschirmjäger Division à la mi 1944 :

                                        http://www.niehorster.org/011_germany/44-oob/44-06-01_neptune/divisons/div_005-fsjg.html

La 5. Fallschirmjäger Division est mise sur pied à Reims en Avril 1944 puis déplacée en mai vers Rennes. La division est majoritairement composée de jeunes recrues inexpérimentées. Toujours en formation lors du Débarquement, les troupes ne peuvent être envoyés sur « l’Invasion Front » immédiatement. La Division du Generalleutnant Gustav Wilke est tardivement envoyée afin de soutenir le front au niveau d’Avranches.

Cette nouvelle formation parachutiste, en plus de son manque d’instruction, est insuffisamment pourvue en matériel, équipement, armement et véhicules. Le verdict de l’Oberstleutnant Von der Heydte, Kommandeur du Fallschirmjäger-Regiment 6, qui s’illustrera notamment dans les combats pour Caen, est sans appel :

« La 5. Fallschirmjäger-Division est de faible valeur combative.

Moins de dix pour cent des hommes ont été entraînés au saut et au mieux vingt pour cent des officiers ont une formation de fantassin et une expérience du combat.

Armements et équipements sont incomplets; uniquement cinquante pour cent de sa dotation prévue en mitrailleuses. Un régiment sans casques, sans armes lourdes anti-char et non motorisé. »

 

La Division est tout de même envoyé au combat au début du mois de Juillet 1944. A la lecture des rapports du commandement allemand, on peut suivre sa progression en Normandie.

(Rapports repris depuis le Forum Bretagne 39-45, voir sources)

9.7.44 :

Le FJ. Rgt.13 de l’Obesrtleutnant Wolf-Werner Graf von der Schulenburg s’approche de la ligne de front près des Champs-de-Losques dans le but de soutenir la Panzer-Lehr-Division lors de sa contre-attaque en direction de Saint-Fromond et Saint-Jean-de-Daye. Le régiment subit ce jour de lourdes pertes lors d’un sévère bombardement.

10.7.44 :

Le III./FJ. Rgt. 13 est à 8 km au nord ouest de Villedieu.

Le commandant du régiment est tué le 14 juillet 1944 à l’ouest de Saint-Lô, peu de temps donc après l'arrivée du FJR.13. Il est promu Oberstleutnant à titre posthume, et remplacé à la tête du régiment par le Major Bernhard Meuth, lequel commandait auparavant deuxième bataillon du régiment..

Entre les 15 juin et 10 juillet 1944, la 5. FJ. Div. perd environ 70 % de son personnel sur un effectif total de 12008 soldats. Les pertes à la fin juillet 1944 sont moindres, seulement 10 morts, 16 blessés et 3 disparus (bien que les pertes du FJ. Rgt. 14 ne soient pas disponibles dans les registres allemands).

13.7.44 :

Le FJ. Rgt.13 (moins le deuxième bataillon resté en arrière dans la Festung de St-Malo) est dans le secteur de La Chapelle en Juger – Lozon (10 km au Nord Ouest de St-Lô)

17.7.44 :

17.SS-Pz. Gr. Div. : déployée sur le front avec le FJ. Rgt.13

24.7.44 :

LXXXIV. A. K. : l’ennemi a attaqué à 13h00 après une très puissante préparation de l’aviation (tapis de bombes larguées par 800 à 900 quadrimoteurs), l’attaque concentrée sur une bande de terrain étroite et profonde de 3 Kms, avec une puissante force d’infanterie et de blindés concentré au sud d’Amigny sur le front de la Panzer-Lehr-Division et le secteur droit de la 5. FJ. Div.

25.7.44 :

A l’ouest de la Vire, l’armée américaine a lancé la grande attaque attendue sur une largeur de 10 km. Un tapis de bombes lacées par 1500 bombardiers sur la ligne de front principale et les positions d’artillerie a précédé l’attaque au sol et labouré nos positions. Néanmoins, la première attaque a été repoussée de façon sanglante par la Panzer-Lehr-Division et des éléments de la 5. FJ. Div. L’ennemi a répété son tapis de bombes avec la même force et relancé une offensive après des tirs de barrage et une importante utilisation de bombardiers. Du fait de nos manques en hommes et matériels, l’ennemi a réussi une profonde percée.

A la fin de la campagne normande, la division est anéantie, elle n’a pas repoussé la percée alliée sur Avranches. Les Blindés de Patton fonce maintenant vers la Bretagne.

[Kriegstagbuch A.O.K. 7, archive Nara]

29.07.44 ; 15h
L’A.O.K. 7 donne des instructions par téléphone via le General Kdo. XXV. A.K. 77. I.D. pour le rassemblement des soldats dispersés de la 5. Fallschirmjäger Division et leur marche sur Fleury avec la nomination d'un chef de colonne.

 

Ordre à la 77. Infanterie Division de rassembler les dispersés de la 5. Fallsch. Jg. Div. pour leur capture dans toute la zone qu’occupe la division [nb : la 77e] ; les patrouilles sont lancées jusqu'à la ligne Brouains-Brezey-Avranches.

30.07.1944
Un total de 7 officiers et 537 sous-officiers et hommes de troupes [de la 5. Fallsch. Jg. Div.] ont été rassemblés par la 77. I.D. et ont marché vers Fleury.

24H
L’Oberst Bacherer est chargé de former un groupe de combat devant défendre Avranches et empêcher une percée au sud et au sud-ouest. L’Oberst Bacherer continue de faire rapport au general Kdo. XXV. A. K.. La fourniture de 2 bataillons du Fallsch. Jg. E.u.A. Rgt. 2 (environ 500 hommes [nb : ce qui semble peu pour 2 bataillons]) au cours de la journée suivante est prévu.

[nb : 2 des 4 bataillons du Fallsch. Jg. E.u.A. Rgt. 2 sont alors déjà en Normandie, les dernières réserves de l’unité basée en Bretagne centrale ont donc ordre de rejoindre le front. Cet ordre ne semble pas avoir été appliqué en raison de la situation générale.]

31.07.1944
8h 20.

Les passages au niveau d'Avranches sont sécurisés par les forces de la 5. Fallschirmjäger Division. A 6 heures, le passage à travers Avranches était dégagé.

Les rescapés de la 5ème division parachutistes se détachent rapidement de la 77. Infanterie Division qui retourne protéger St-Malo. Les parachutistes sont livrés à eux mêmes et refluent au sud pour échapper aux troupes alliés sous le commandement de chefs provisoires qui regroupent les isolés.

Le 1er aout, les Américains foncent vers la Bretagne mais se retrouvent bloqués à Rennes par quelques unités de la Wehrmacht chargés de retenir les alliés. Après 3 jours de combats (du 1er au 3 aout), la ville est libérée, les troupes allemandes (environs 3500 hommes dont quelques centaines paras de la 3. et 5. Fallschirmjäger Division) se replient en colonne vers les forteresses de l’Atlantique (Lorient et St-Nazaire en l’occurrence).

C’est donc ce chaos que le jeune Jager Kaufmann arrive dans ce qui va devenir la poche de Saint-Nazaire. Les paras défenseurs de Rennes arrivent en ville vers le 7 août, en passant le canal de Nantes à Brest au niveau de Bouvron. Les ponts sur le canal ou la Vilaine sont détruits, interdisant toute incursion.

Les chasseurs parachutistes sont placés sous le commandement de l’Oberst Deffner, ancien chef du Fallschirmjäger Ersatz und Ausbildung Regiment 2 (2ème régiment d’instruction et de remplacement de chasseurs parachutistes). cette unité forte de 4 000 jeunes soldats était basée au centre de la Bretagne avant sa retraite vers les forteresses de Lorient et St-Nazaire. Elle avait tardivement envoyé deux bataillons en Normandie.

Les américains, devant le coût humain élevé de la prise de Brest, et l’inutilité tactique de la prise des ports suite à la libération des installation au nord de la France, décident d’encercler et non d’attaquer les deux Festungen. C’est ainsi que se constituent mi-aout 1944 des poches de défenses allemandes sur l’Atlantique, qui resteront jusqu’à la fin de la guerre. Ordre est donné aux commandants de défendre les positions jusqu’au dernier homme.

Le but pour le commandement de la Wehrmacht est de fixer le maximum de troupes contre ces poches afin de "libérer" le front français plus à l'est. La Festung de Saint-Nazaire, commandée par le Generalleutnant Junk s’étend de la Vilaine à Pornic et de Saint-Nazaire à Cordemais. Le principale ouvrage militaire est le U-Bunker de Saint-Nazaire qui sert pour réparer, stocker et lancer les sous-marins vers l’Atlantique. La région est lourdement fortifiée et grouille d'ouvrages de D.C.A ,d'observation, de stockage ou d'artillerie. Coté troupes, on dénombre environ 28 000 soldats allemands : de l’infanterie (principalement de la 265. I.D.), des soldats de l’artillerie côtière (V. Marine Flak Batterie), des sous mariniers restés bloqués dans le port, des parachutistes mais aussi des Géorgiens enrôlés dans la Heer.

Les Fallschirmjäger sont utilisés comme « pompier du front » depuis la défaite de l’opération en Crête en 1941.  Ceux de Saint-Nazaire sont placés sur la canal de Nantes à Brest pour contrer toute offensive direct de la part des alliés mais aussi du côté de la Vilaine. Le Jager Kaufmann se retrouve au 3ème bataillon du Kampfuntergruppe Vilaine commandé par le Leunant Kern, Il y restera jusqu’à la fin du conflit. Le groupe de combat serait issus du Kampfuntergrupper Sonnenburg de la 265. Infanterie Division.

Un recensement des forces présentes dans la poche est effectué fin 1944, on inscrit alors sur les livrets : Personalliste St. Nazaire suivit du numéro du soldat dans la forteresse. Ce numéro parait plus administratifs qu'autre chose et il n'est pas étonnant de retrouver des numéros élevés (39 000 par exemple, en comparaison avec les 28 000 landser présents). Après des combats jusqu’en décembre 1944 (Gottfried est d’ailleurs nommé Gefreiter ce mois-là), le front de l’Atlantique se stabilise. Commence alors une longue période d’attente et de privation pour les « empochés » civils et militaires, ponctuée d’escarmouches et d’incursions dans le territoire ennemie. Saint-Nazaire est la dernière ville d’Europe à être libérée, le 11 mai 1945. Les soldats allemands sont faits prisonniers par les forces françaises. Ils restent en captivité sur le territoire pendant 1 à 3 ans environ, affectés au déminage, déblaiement des gravats ou à des travaux agricoles.

Environ un millier de ces prisonniers resteront s'installer en Loire Inférieur après la guerre.

Sur la page de gauche, on retrouve un portrait de Gottfried alors que celui-ci était dans la Festung. Découpé grossièrement aux ciseaux, il remplace un portrait plus large, probablement identique à celui se trouvant sur son permis de conduire. Une petite note rappel son affectation au sein de la forteresse. Sur la page de droite, en plus des différents grades du soldat, on remarque l'inscription manuscrite "Personalliste St. Nazaire Nr. 32692".

La dernière affectation de Gottfried est le 3./ Kampfuntergruppe Vilaine. On remarque qu'il est attaché au Fallsch. Jg. E. u. A. Rgt. 2.

Son permis de conduire est daté d'avril 1944. On remarque le portrait sur lequel Gottfried porte la Fliegerbluse spécifique à la Luftwaffe.

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