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Hubert Offergeld est né le 22 janvier 1905 près de Aachen (Aix la Chapelle). Il exerce la profession de tailleur lorsqu’il est appelé dans l’armée allemande en juin 1940. Hubert est alors marié à Thérèse Eiberg et père d’un enfant.

Le landser Offergeld rejoint dans un premier temps le dépôt du 6ème district militaire où il reçoit sa plaque d’identité qui ne le quittera plus. Le Wehrkreis ersatz Depot VI münster sert comme ses homologues des autres régions à centraliser les soldats et les équiper avant que ceux-ci ne rejoignent une unité d’instruction. Alors que la Campagne de France touche à sa fin, Hubert Offergeld est affecté au Feld Rekrut Bataillon 127. Ces bataillons, proches du front, offrent une formation accélérée afin de renforcer les unités de la Wehrmacht, qui manque d’actifs. Il semblerait que le bataillon fasse partie du Grenz-Infanterie-Regiment 127, régiment de territoriaux ayant pour charge de garder la frontière allemande. L’unité  part en occupation en France à la fin des hostilités. Le soldat semble ensuite faire un court séjour à l’Infanterie Regiment 630 qui occupe alors la région de Belfort avec le reste de la 553. Infanterie Division. La division est dissoute sur ordre début août 40 et Hubert retourne au Grenz-Infanterie-Regiment 127.

Le deuxième hiver de la guerre est marqué par une certaine accalmie sur le Front Ouest après la fin de la Bataille d’Angleterre. De nouvelles divisions sont créées en vue de l’invasion prochaine de l’U.R.S.S.. Ainsi, après son instruction militaire, Hubert Offergeld intègre la 111. Infanterie Division au sein du 117ème puis 70ème Régiment d’Infanterie.

Cependant, Hubert est rapidement transféré au sein des unités d’approvisionnement de la division, d’abord au sein du Verpflegungsamt 111

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Sur la couverture du Soldbuch on retrouve le nom du soldat ainsi qu'un numéro de Prisonnier de Guerre provenant de l'administration française. Inscrire le nom du captif en gros sur la couverture aidait surement à l'identification des individus.

puis à la veille de l’Opération Barbarossa dans la Bäckerei Kompanie (compagnie de boulangers).

En plus des unités combattantes bien connues, les divisions disposaient chacune de services d’intendance, de bouchers, de boulanger, d’équipes de réparation, de communication etc. Sans cette logistique, il était impossible de déplacer et coordonner plusieurs milliers d’hommes. Ces unités étaient à proximité de la ligne de front afin d’apporter le ravitaillement de la manière la plus efficace possible. De même, il n’était pas rare que celles-ci soient utilisées comme réserve en cas de forte offensive ennemie ou de trop lourdes pertes. Les soldats allemands sont souvent restés marqués par le souvenir de la faim et des maigres rations de pain noir. L’équipement perçu par Hubert Offergeld est des plus standard : casque, Feldbluse, pantalon, chemise, manteau, Tornister, gamelle, Zeltbahn, sac à pain, gourde, treillis, mouchoir…
 

La 111. Infanterie Division du General Otto Stapf se déplace vers la frontière Polonaise avec l’U.R.S.S. au mois de mai 1941, regroupant ses forces avant l’assaut. La division, intégrée au Groupe d’Armées Sud, fonce sur Kiev après avoir traversé le Djnepr. Le soldat Offergeld est promu Obersoldat en juin puis Gefreiter (caporal) en août 41. Les troupes de la 111ème passent l’hiver et le début de l’année 42 face à Stakhanov, une petite localité minière précédant le Donetz. Après avoir repoussé une offensive soviétique début janvier 42, la division reste au repos durant plusieurs mois avant l’offensive d’été. Pour ce premier hiver passé en ligne, Hubert Offergeld se voit décerné l’Ostmedaille le 10 août 1942.

Au déclenchement du Plan Bleu en juin 42, la 111ème Division est affectée au Heeresgruppe A. Celui-ci est chargé de pousser sur le Caucase pour atteindre les champs de pétrole de Bakou (en Azerbaïdjan actuel) et les ressources agricoles, indispensable pour continuer le conflit. L’offensive du Caucase est accompagnée d’une attaque sur Stalingrad que le Führer tient absolument à faire tomber. L’attaque contre les champs pétrolifères est dans un premier temps un succès, entre autres appuyé par la Luftwaffe. Le Don est atteint. L’allongement du train de ravitaillement donne cependant du fil à retordre à l’intendance qui ne suit pas et l’offensive s’enlise. Le Heeresgruppe B est quant à lui bloqué dans Stalingrad et bientôt encerclé. Hitler délaisse le front du Caucase.

La 111. Infanterie Division doit se replier avec le reste du Heeresgruppe A sur le fleuve Mious sur lequel elle mène des combats défensifs jusqu’à l’offensive de Koursk.
 

Le 18 décembre 1942, Hubert est envoyé au Kriegslazarett 4./III à Berdychiv à l’est de Kiev. Il y reste un mois pour une infection dont la cause n’est pas précisée dans le soldbuch. Le soldat reçoit une permission de 15 jours pour sa convalescence. A son retour, Hubert Offergeld rejoint l’escadron de convalescence du Fahr ersatz Abteilung 11. L’unité de cavalerie est basée à Hanovre et va former le caporal à la conduite de véhicules hippomobiles. L’armée allemande est encore une armée qui se déplace via des chariots tirés par des chevaux et les forces motorisées sont encore largement minoritaires. Entre 1941 et 1945, la Wehrmacht perd 6 700 000 chevaux; morts de froid, de faim, de maladie, d’épuisement, morts lors des combats ou mangés par les soldats. Plus de 13 000 hommes ont servi uniquement dans les services vétérinaires. 750 000 chevaux partent à l’assaut de l’U.R.S.S. en juin 41, demandant également une logistique considérable. L’armée est donc dépendante de ses conducteurs, vétérinaires, maréchaux ferrant etc.
 

Le caporal est transféré une nouvelle fois, probablement à la fin juillet 43, cette fois-ci dans le 2. Gruppe (behelfsmassig) de la  Fahrkolonne. der 265. Infanterie Division. Cette colonne de transport fait partie intégrante de la 265ème Division d’Infanterie qui est mise sur pied en mai 1943 en Allemagne. La colonne est pourvue de deux mitrailleuses légères (M.G. 42, M.G. 13 ou DP 28 russe) assurant sa protection rapprochée. La division est rapidement transférée et est installée au mois d'août 1943 entre Quimper et Lorient, en Bretagne. Son poste de commandement se situe quant à lui à Quimperlé. On peut imaginer le soulagement du Gefreiter Offergeld de rejoindre la côte bretonne plutôt que le Front Est à nouveau.
 

La division compte alors près de 10 000 hommes (dont 300 auxiliaires italiens) et un peu moins de 2 400 chevaux. La 265ème est une unité peu mobile et destinée à l’occupation des côtes. Son armement collectif est constitué pour moitié de canon, mitrailleuses et mortiers russes. L’armement individuel également pour une partie constitué d’armes de prise, parfois vétustes ( fusils Lebel, Chauchat, fusils belges, néerlandais...) mais aussi de Kar. 98K, 200 G. 41 ou encore 350 fusils dotés de lunettes de tir. Les effectifs de la division sont complétés par plusieurs bataillons d’Osttruppen. Les soldats de la 265ème sont en partie des hommes âgés ou déjà éprouvés par le Front Est et ne constituent en somme pas les forces vives du Reich. La 265. Infanterie Division est jugée apte « à des opérations défensives uniquement » par le commandement.

Malgré l’apparente faiblesse de la division, les hommes sont motivés et ne cessent de consolider les défenses de la côte atlantique jusqu’au Débarquement.

Hubert Offergeld reçoit un fusil de prise en mars 1944 ; la nationalité de l’arme est difficilement déchiffrable cependant. Il est promu Obergefreiter le 1er mars 1944 et se voit décerner la Croix du Mérite de Guerre avec glaives le 20 avril, sûrement pour les services rendus à l’Est.

Au rapport du 1er juin 44, le Generalleutnant und Divisionkommandeur Düvert note :
 

« En raison de l'action vigoureuse contre les terroristes [nb : la Résistance] et des succès obtenus par les troupes, l'esprit combatif n'a cessé de croître. Les troupes attendent l'invasion avec une excitation confiante, les troupes comprennent les difficultés engendrées par la situation des transports (suspension des permissions, manque de marchandises). »


 

Au 6 juin 44, un groupe de combat issus de la 265ème division est envoyé en Normandie, constitué de deux bataillons d’infanterie, un bataillon d’artillerie, des pièces anti-char, pionniers etc. Le Kampfgruppe fort de près de 3 700 hommes rejoint « L’Invasion Front » non sans difficulté, le manque de véhicules et les lignes ferroviaires endommagées obligent la troupe à la marche forcée ou à se déplacer à vélo, toujours de nuit.

Le gros de la division reste cependant bloqué en Bretagne par manque de moyens de transport, le rapport de juillet 1944 note :


 

« Du fait que le Kampfgruppe soit au combat, les troupes sont extrêmement stressées dans l'accomplissement de leurs tâches.

Par conséquent, la vigilance reste constante. Le 7ème cours de formation de sous-officiers est terminé.
 

Le début de l'invasion a créé la tension générale et a remonté le moral des troupes. Une certaine déception a été causé par la perte relativement rapide de la presqu'île du Cotentin. Les contre-attaques ont été reçues avec enthousiasme et il y a de grandes attentes en ce qui concerne la suite.

L’esprit de combat a été encore renforcé par son héritage dans la lutte contre le terrorisme. La troupe est entièrement préparée pour la possibilité d'avoir à repousser un débarquement ennemi dans son secteur.
 

Les difficultés d'approvisionnement causées par la longueur du transport et le manque de chars acceptés en toute connaissance de cause.

Un meilleur approvisionnement en courrier et en journaux serait le bienvenu. »
 

Avec l’avancée alliée en Normandie, la 265. Infanterie Division se replie plus au sud, installant son PC à Redon le 14 juillet. Le lendemain à 16h35, l’ordre est donné par l’A.O.K. 7 à la division de renforcer les forteresses de Lorient et St-Nazaire.
 

C’est ainsi que l’Obergefreiter Hubert Offergeld entre dans la forteresse de St-Nazaire, l’une des poches de l’atlantique. La 265ème division est répartie entre Lorient et St-Nazaire, commandée par le Generalleutnant Junk depuis Juillet. Celui-ci étant promu Festungskommandeur de Saint-Nazaire, le commandement est transféré au Generalmajor Hünten.

Le ravitaillement devient un enjeu primordial dans la poche de St-Nazaire où il faut nourrir la population, les soldats, les bêtes, mais aussi gérer les ressources en carburant et en électricité. Cette préoccupation est d’ailleurs au cœur des offensives allemandes menées sud Loire à la fin 44 afin de récupérer des hectares de terres agricoles. Les autorités allemandes réquisitionnent des denrées auprès de la population. La faim sévit dans la poche.

A la fin de l’année 1944, Hubert reçoit un tampon sur son soldbuch rappelant son appartenance aux troupes de la forteresse : « Personalliste St.Nazaire Nr. 35623 ». Il est difficile de connaître le parcours du soldat durant les mois de siège précédant la libération de la Poche. On peut penser cependant qu’il a continué son travail au sein des troupes d’approvisionnement. Les liaisons sont faites par bicyclette ou a pied pour économiser le carburant. 

Le 11 mai 1945, les troupes alliées entrent enfin dans la région de St-Nazaire, la guerre en Europe est terminée. Les troupes allemandes se sont désarmées et regroupées dans des camps de prisonniers. Hubert est donc fait prisonnier de guerre par les troupes françaises. Il est libéré en juin 1946 et peut rejoindre sa famille laissée depuis 6 ans. Certains des P.O.W., affectés au déminage ou à des travaux agricoles ne seront rendus à la vie civile qu’en 1949.

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Groupe MG avançant dans les plaines soviétiques au début de l'Opération Barbarossa.

Sources (partielles) :

Archives Nara sur l’AOK 7

Wehrkreis Ersatz Depot VI :

Erkennungsmarke welche Einheit, Forum der Wehrmacht

111. Infanterie Division :

Lexikon der Wehrmacht

en.Wikipedia

Sur la première page, on retrouve la photo d'Hubert Offergeld, arborant le rappel de la médaille du Front de l'Est. On soulignera qu'il porte une vareuse modèle 1943 dont le col à été changé pour un modèle vert foncé bleuâtre plus seyant. On peut estimer la date du portrait à la fin 1943. Enfin, le tampon en bas de page 1 : "Personalliste St. Nazaire" indique l'appartenance à la forteresse. Les différents grades du soldat sont également inscrits.

Exemplaire d'une plaque d'identité du Wehrkreis Ersatz Depot VI Münster du même modèle que celle portée par Hubert Offergeld durant la guerre. 

Source image : http://www.emarken.de/markn.php?id=729

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Les pages 4 et 17 consignent les différentes affectations du soldat. On remarque l'adresse de son épouse en page 5.

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Sur la liste des perceptions d'armement, on retrouve différentes Beutewaffen (ou armes de prise) en 1944.

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Les deux décorations d'Hubert Offergeld sont inscrites en page 22. Le tampon de l'unité et la signature du commandant de celle-ci valident la médaille.

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Extrait du certificat de démobilisation daté de juin 1946.

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Le 20 avril 1944, l'Obergefreiter Offergeld est décoré de la Kriegsverdienstkreuz 2. klasse mit schwertern. Sur celle-ci, venue avec son soldbuch , on remarque le poinçon "127" sur la bélière. Celui-ci identifie le fabricant Moritz Hausch A.G à Pforzheim au sud-ouest de l'Allemagne. La médaille est en zinc bruni.

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