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      A la mobilisation, le 80ème Régiment d’Infanterie Alpine quitte sa garnison de Metz pour se porter face à la frontière allemande, bien décidé à entrer en territoire ennemi. Quelques incursions de la 42ème D.I. (à laquelle est rattachée le 80ème R.I.A.) se font au début du mois de septembre, sans que ces percées ne soient exploitées par le haut commandement. La division est rappelée dans le territoire nationale afin d’établir une ligne de défense alignée sur les ouvrages fortifiés. La 42ème passe une grande partie de la Drôle de Guerre à continuer l’instruction des recrues et à garder la frontière à hauteur de Metz.

Les lignes sont sévèrement attaquées par les troupes de la Wehrmacht à partir du 14 mai 1940. Les hommes tiennent bon et ne reculent pas. L’unité est, afin de limiter les pertes humaines, déplacée dans l’Aisne entre Soissons et Reims. Elle a pour mission d’assurer la défense de l’Aisne. Son front, d’une distance de 30km est trop étendu ce qui ne participe pas à l’élaboration d’une défense efficace. Le 9 juin, les allemands franchissent l’Aisne à l’aide de canots pneumatiques, non sans une vaillante résistance occasionnant de lourdes pertes. Le 10, ordre est donné à la division de se replier sur la Vesle, toujours dans le même secteur. Le 80ème R.I.A. décroche avec difficultés mais toujours en ordre, constamment harcelé par l’ennemi.

Un nouvel ordre arrive dans la soirée et toute la division est à nouveau déplacée, cette fois ci au sud de Reims. Le transfert fut compliqué par des routes encombrées, en mauvais état et régulièrement survolées par la Luftwaffe. Le 80è est affecté, avec le Groupement de Reconnaissance Divisionnaire et quelques pièces d’artillerie à la défense de la Montagne de Reims. Une attaque allemande sur ces position est stoppée par des tirs nourris de l’artillerie française dans la matinée du 12. Profitant de l’accalmie occasionnée, les défenseurs décrochent au sud, ne laissant que des positions vides pour les tirs d’artillerie ennemi, destinés à préparer un second assaut. A 18h, tout le détachement avait franchi la Marne, la situation général s’étant largement dégradée.

Suivant le mouvement général, la 42ème DI oblique vers le sud, et au soir du 13 juin, le 80ème R.I.A. part en direction de Bannes, au sud de Reims. Le « voyage » est rendu difficile par un chaos général et un encombrement massif des routes. Dans la journée du 14, les troupes allemandes attaquent Bannes. Les française sont fortement affaiblis par les combats et bombardements incessants. Le 80ème n’ayant eu le temps de fortifier ses positions, il doit combattre à découvert. En fin d’après midi, le repli général sur l’Aube est ordonné par le Corps d’Armée. Le Général Keller, commandant de la Division, dresse l’état des troupes :

« La journée devait être très dure. Au 80ème RI, le IIème Bataillon n'avait plus que son PC, une petite section sa 7ème Compagnie et un groupe de mortiers. Le 1er Bataillon avait perdu complètement sa 1ère Compagnie, les autres unités étaient réduites de moitié. Le III Bataillon, qui avait le moins souffert, avait le quart de son effectif. Le 94ème et le 151ème ne comptaient guère qu'une centaine d'hommes par bataillon. »

Le replis s’effectue tout de même en bon ordre, les soldats rescapés de la division ayant toujours une forte valeur combative. La Division est isolée, sans ordre du C.A., son commandant décide de faire passer ses forces restantes au sud de la Seine, espérant pouvoir établir une nouvelle ligne de défense. Troyes et les ponts sur la Seine étant tenus fermement par les forces allemandes, les reliquats de la 42ème, devant l’impossibilité de passer le fleuve, doivent le longer en direction du sud est. Les éléments sont de plus en plus éparpillés, la débâcle est générale. Les reste du 80ème R.I.A. sont faits prisonniers le 16 juin au sud de Troyes, l’Artillerie Divisionnaire le lendemain. Le commandant de la Division et les quelques troupes restantes se rendent le 27 juin près de Beaune.

 

La vie de prisonnier de guerre commence.

 

Source :

Témoignage du Général Keller, commandant la 42ème DI, mis en ligne par le membre BHR du forum « Tribune Histoire », URL : http://www.empereurperdu.com/tribunehistoire/viewtopic.php?f=12&t=161#p11047

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Photo d'un capitaine d'Infanterie. Il porte également une vareuse à col "aiglon" (ici en drap kaki), un pantalon culotte de cheval et un béret (affectation à l'état major d'un RIF ?).

      Rappelé par les obligations de la guerre, ce réserviste a repris sa tenue de capitaine, dorénavant rattaché au 80ème Régiment d’Infanterie Alpine. En ce début mai 1940, l’officier a sorti sa tenue en toile sable, laissant sa vareuse en gabardine dans l’étagère. Le vêtement à un col dit « aiglon », très à la mode au début des années 30 mais encore largement porté durant la Campagne de France. Le bulletin officiel de 1935 mentionne pour le col de la vareuse de l’officier une forme « demi-saxe », appréciée dans les années 20, comme toujours la réglementation s’adapte aux pratiques avec un temps de latence non négligeable. La vareuse en toile est fermé par 7 boutons dorés portant la grenade de l’Infanterie. En campagne, ceux ci sont théoriquement changé contre des boutons bombés kaki, ce qui est en pratique rarement le cas. On note trois rappels de décorations à savoir : les Palmes Académiques (métier du réserviste), la croix des services militaires volontaires et la médaille commémorative de 14-18. Ces rubans sont cousus sous des brides destinées à accueillir les décorations dans leur taille d’ordonnance. Les grades, tout comme les pattes de col, sont mobiles, facilitant le lavage. Ils sont ici assez voyant, n’ayant pas été changés pour des modèles plus discret, pourtant de circonstance. Les pattes de col sont également assez étonnantes, sur fond de velours brun, le nombre 80 est brodé en fil doré, pourtant si l’identification du régiment ne fait aucun doute, il manque les 2 soutaches correspondant au type de régiment. Étrange oubli, peut être l’officier trouvait-il les soutaches peu seyantes ?

Alors que l’attaque allemande se profile pourtant, le capitaine a choisi de porter son béret alpin durant ses derniers jours de répit. La coiffure de repos, ici le béret, est un des éléments traditionnels des R.I.A.. Il s’agit ici d’un modèle civil sur lequel des grades ont été montés récemment, les modèles réglementaires étant plus que difficile à trouver. L’officier n’a pas oublié la menace allemande, portant son casque Adrian modèle 26 au ceinturon.

L’équipement est ici on ne peut plus réglementaire pour un officier en campagne. Le ceinturon, avec son baudrier, supporte un étui simplifié modèle 1915 pour revolver 1892. Accroché au niveau de la hanche droite, on retrouve un porte carte en cuir fauve. Un bidon modèle 1935 est passé sous le ceinturon, de même qu’une musette modèle 1892 abritant quelques affaires personnelles et vivres pour la journée.

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