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Après sa destruction lors des combats de Dunkerque en juin 1940, il ne reste plus grand-chose du 35ème Régiment d’Artillerie Divisionnaire, qui faisait autrefois la fierté de Vannes. Beaucoup de ses cadres et hommes de troupes ont été fait prisonniers après s’être fièrement battus jusqu’au bout.

Celui-ci est cependant reformé à partir de novembre 1940 au sein de l’Armée d’Armistice. Celle-ci, réduite à 100 000 hommes en métropole et d’armement modeste est destinée au maintien de l’ordre en Zone Libre. D’autre part, ces troupes devaient lutter contre toute incursion étrangère sur le territoire national (métropole ou colonies). L’Armée de Vichy permet ainsi de dégager plusieurs divisions de la Wehrmacht qui n’ont ainsi pas à occuper les ports de méditerranée ou les bases de Syrie et d’Afrique du Nord.

 

Les autorités allemandes sont peu enclines à laisser une force armée trop dangereuse à une nation vaincue, et plusieurs généraux déconseillent à Hitler d’autoriser la création de l’Armée d’Armistice. Afin de limiter les risques d’une insurrection militaire, ils réduisent au maximum l’armement lourd et la dotation en véhicules notamment au sein de l’artillerie et de la cavalerie. Pour l’artillerie, hormis les canons de DCA, les calibres supérieurs à 75mm sont interdits.

De son côté, l’État Français veut donner l’image d’une armée neuve, lavée de l’affront de 40 et dans la lignée des traditions militaires françaises. L’âge des cadres est rajeuni, les soldats, dorénavant de métier (ou encore sous les drapeaux depuis la Campagne de France) reçoivent une formation plus poussée. Le sport est mis en avant de même que le culte des chefs vichystes.

Cependant, cette armée est loin de constituer une force réactionnaire et se présente plutôt comme un corps cherchant à garder son indépendance, entre germano et anglophobie. De nombreux officiers cultivent l’esprit de revanche auprès de leurs troupes. L’armée d’armistice est complexe, cachant du matériel à la vue des Allemands et préparant une possible mobilisation pour chasser l’occupant en cas de débarquement, tout en défendant parfois les possessions vichystes face aux troupes anglaises et françaises libres. Il faut y voir une fidélité de l’armée à ses chefs légalement légitimes, un refus de la dissidence gaulliste.

 

Pour ce qui est du 35ème Régiment d’Artillerie Divisionnaire, sa garnison est dorénavant répartie entre Périgueux et Limoges. D’un effectif total de 1 355 hommes, le régiment est doté de canons de 75 mm comme en 1940, répartis entre des groupes motorisés et hippomobiles. Parmi les engagés, on retrouve des Alsaciens ayant fui l’annexion de leur région par le Reich. L’Armée constitue ainsi un refuge pour certains de ces français des départements de l’est voulant échapper à la conscription allemande.

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On retrouve ici une affiche de propagande vantant les mérites du 35e RAD. Plus que l’aspect militaire, c’est la morale, le sport et l’ambiance qui y sont mis en avant, tout en rappelant le passé glorieux des campagnes passées.

Du fait de la cessation des hostilités, les activités sont réduites à la vie en caserne. Les artilleurs enchaînent les exercices et les manœuvres. En août 1941 le 35e RAD participe à la coupe militaire d’athlétisme à Vichy et reçoit notamment l’or au Relais 4 fois 100 m et le bronze au 100 m. Les cérémonies ponctuent toujours la vie des militaires, on peut en cela citer la remise du drapeau des chasseurs au 25ème BCA le même mois. En parallèle de ces activités officielles, le 35 participe au camouflage de matériel de guerre à l’insu des allemands, notamment des munitions et des camions, avec le soutien tacite de la population locale. La dernière grande manifestation à laquelle participe le régiment est sans doute l’inspection de l’amiral Darlan à Limoges en octobre 1942, sous les applaudissements de la foule venue saluer les régiments de chasseurs, cuirassiers, d’artillerie, du train et de la Garde présents ce jour-là. Comme le reste de l’Armée d’Armistice, le régiment est dissous suite à l’invasion de la Zone Sud par la Wehrmacht en novembre 1942 et les artilleurs sont démobilisés.

Source documentaire : https://amicale-35rap.fr/le-35e-rac-dans-larmee-darmistice/

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Roland Rue est né en 1924 à Limoges. En juin 1942, il rejoint l’armée au sein du 35e RAD. Il note dans son petit carnet différents chants dont la Marseillaise qui fait la première page ! Démobilisé en novembre 1942, il est ensuite requis pour le STO et ne rentre en France qu'à la fin de la Guerre. Il meurt en 2011 à l’âge de 87 ans.

L’effet présenté ici est une vareuse de troupe modèle 1938. Datée du 3ème trimestre 1940 et confectionnée dans la région de Limoges, il s’agit d’une des premières confections pour l’Armée d’Armistice. De ce fait, hormis, la date, rien ne la distingue de ses homologues de la campagne de 1940. La veste est en drap peigné kaki et la doublure en coton blanc. La teinte des effets de l’Armée Nouvelle variera ensuite vers une teinte plus grise assez caractéristique de même que les pénuries emmèneront à la confection de doublures en satinette. La vareuse est dotée réglementairement de ses volets de dissimulation selon les dispositions de 1939. La vareuse dispose de 2 passants de ceinturons au lieu des crochets que l’on rencontre plus fréquemment. Autre petit détail, la partie intérieur de la boutonnière est réalisée avec une chute de drap cardé kaki tout comme les volets de dissimulation. Sur la doublure, outre les cachets indiquant la taille, le fabricant et la réception de l’effet, on note celui du 35e R.A. rappelant donc l’attribution de la vareuse. Sur la poche gauche, l’insigne réglementaire est passé dans 2 brides. Au-dessus de celui-ci, deux rappels de médailles sont épinglés. On retrouve la croix de guerre 1939-1940 du modèle attribué par l'État Français. Le ruban rouge et vert de la 3ème république est remplacé par un ruban bleu claire et noire puis vert et noir. Aux côtés de la croix de guerre est accrochée la croix du combattant, elle aussi du modèle « Vichy ». Il s’agit probablement d’un soldat dont la citation à l’ordre de l’armée à été examinée et finalement validée après la cessations des hostilités. Ces deux décorations seront supprimés par une ordonnance lors de la libération et les modèles d’avant juin 40 rétablis.

Malgré les attaques sur le tissu lié à son stockage, la vareuse n’a jamais été distribuée à la troupe, en témoigne notamment l’état des boutons, de la doublure et surtout la présence de l’étiquette du tailleur rappelant la taille de l’effet. Une partie de ces stocks sera réutilisée par les troupes FFI et de manière générale par les unités de l’Armée de Libération (en particulier sur le Front Atlantique).

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L’insigne est lui de fabrication Chobillon et date du milieu des années 30. Il se démarque notamment par son système d’accroche. Le cercle central est encadré par deux canons d’artillerie. Les couleurs rappellent évidemment le Tricolore, tandis que la devise du régiment entoure le cygne.

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